Vers une génération VAE ?
La liberté et le lien. La VAE a précisément à voir avec ces deux mots-là.
Notre système éducatif étant devenu obsolète, il n’a pas intégré cette évolution des mentalités issue des nouvelles technologies et donc la génération Z est porteuse. Il continue à mettre les jeunes à des pratiques d’évaluation en faisant passer ceux qui n’ont pas le niveau pour des perdants. Il ne privilégie qu’une seule voie: celle du diplôme par la formation, soit la concurrence, la nécessité d’être le meilleur, de bûcher dans l’espoir d’obtenir le poste le plus intéressant et le mieux rémunéré.
Dans la réalité, la génération Z nous dit que les choses ne se déroulent plus ainsi, qu’il existe d’autres moyens d’acquisition du savoir, de partage des connaissances et d’accès au savoir-faire.
Le grave problème du système éducatif français est qu’une fois qu’on en est éjecté, il est extrêmement difficile d’y revenir. La VAE est un des outils incontournables qui le permet. Il est primordial dès maintenant de réfléchir aux moyens d’engager cette démarche dès l’école, de tracer cette ligne d’horizon: opérer des sorties vers l’emploi sans dire « pour toi, c’est fini » mais en donnant la possibilité de revenir plus tard à la formation, parce que l’expérience accumulée éclairera l’envie de celui qui aura pu, grâce à son expérience, préciser ses choix d’orientation professionnelle.
Les étudiants de la génération Z choisissent souvent l’alternance ou s’engagent dans des activités bénévoles ou professionnelles pour accumuler de l’expérience, parce qu’ils savent que les études ne suffisent pas forcément à elles-mêmes.
L’enjeu est de mettre en cause un système où tout se joue dans la réussite scolaire et où ne sont offertes par la suite que des voies de « rattrapage » bien étroites. Cela est possible si l’on modifie les modes d’éducation, d’orientation et de promotion pour transformer le parcours d’évaluation verticale du système éducatif: scolarité, université, diplôme, vie active en un parcours évolutif plus souple qui permette d’avoir une liberté de mobilité entre les savoirs formellement construits et les savoirs construits dans la pratique, entre le minde de l’expérience et le monde de la connaissance: scolarité, expérience, certification, vie personnelle, vie active, alternance, diplôme, université, etc. définissant le paradigme d’un nouveau parcours.
Pour rendre cette liberté de mobilité possible, il est indispensable de créer des liens. Aujourd’hui, dans nos sociétés, la liberté ne peut exister sans lien. Liens pour favoriser le développement personnel et professionnel, liens entre le monde du travail, les entreprises, les tissus associatifs, les financeurs et les organismes publics ou privés chargés de l’éducation de la formation et de la recherche. Liens entre le savoir et l’expérience, entre la connaissance et la compétence. Liens entre la valeur du diplôme et la valeur de l’expérience.
La VAE est est un de ces liens indispensables susceptibles d’amener chacun à accéder à une meilleure autonomie à travers une plus grande intelligence de ce qui l’environne et de ce sur quoi il agit.
Après 10 années d’existence, il est crucial de clarifier le fonctionnement de la VAE en lui donnant un cadre cohérent pour éviter qu’elle ne subisse des dérives qui pourraient lui être fatal et permettre qu’elle trouve sa place comme voie de connaissance, de reconnaissance, de réalisation et de construction de soi.
Dans l’alphabet inventé par la nouvelle génération silencieuse, après le Z, il y a VAE.