Catégorie : VAE Les 2 Rives
Interview d’une diplômée de la VAE, Corinne Sevin
Corinne Sevin a obtenu un BTS Assistante de Gestion PME/PMI par le biais de la Validation des Acquis de l’Expérience en étant accompagnée par le cabinet VAE Les 2 Rives. Elle s’est prêtée volontiers au jeu de l’interview pour nous raconter son aventure VAE.
Pourquoi avez-vous effectué une démarche VAE?
La conclusion de mon bilan de compétences m’a guidée vers une VAE. Je n’avais obtenu aucun diplôme durant ma scolarité. L’école ne me plaisait pas. Mais avec l’âge, je regrettais de n’avoir eu aucun diplôme et je désirais me prouver à moi même que j’étais capable d’obtenir un diplôme grâce à mon expérience professionnelle.
Est-ce que la VAE a répondu à vos attentes ?
Oui, cela m’a prouvé que j’avais les compétences pour obtenir un diplôme, même après 20 ans d’expérience professionnelle et le tout, sans même avoir étudié à l’école.
Qu’est-ce que l’obtention de votre diplôme vous a apporté?
Une confiance en moi… je n’ai désormais plus aucun doute sur mes compétences. Pour le moment, professionnellement parlant, cela n’a rien changé.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs candidats dans leur quotidien dans la rédaction de leur dossier ( entre leur travail, les enfants, les sorties …) ?
Mon conseil est de consacrer le temps qu’il faut à la rédaction du dossier, même si le travail, la vie familiale et les loisirs font toujours partie de votre quotidien. En effet, la rédaction a été avant tout la transcription de mes pensées. Ces pensées ont nécessité la mobilisation de mes souvenirs, pour les remettre en ordre et en assurer le développement. D’autant plus que chaque candidat justifie comme moi d’une longue expérience. Ce temps consacré à ce vrai travail permet de prendre un recul salutaire.
Comment avez-vous découvert le cabinet VAE les 2 Rives ?
Mon entreprise cotise à l’OPCALIA qui travaille en collaboration avec le Cabinet Les 2 Rives. C’est pour cela que j’ai été dirigée vers ce cabinet…et je ne le regrette pas !
Auriez-vous pu effectuer une démarche VAE sans accompagnement ?
Non. Maintenant que mon dossier est terminé, je constate que je n’aurai jamais été capable de le rédiger toute seule. Il est indispensable d’être aidé(e) lors de la démarche VAE.
Quel est votre meilleur souvenir dans la démarche VAE ? Et le moins bon ?
Il est très intéressant d’effectuer des recherches sur ses connaissances et son expérience. Cependant, il est parfois difficile de se concentrer. Le pire ? Se retrouver devant une page blanche, sans aucune inspiration, alors que l’on doit avancer absolument sur le dossier. Une fois que vous avez fini votre dossier en ayant l’impression de l’avoir bien rédigé et que votre coach vous annonce qu’il faut revoir vos textes, les améliorer, ou alors que vous êtes complètement côté de la question posée, cela vous donne envie de baisser les bras…Il m’est souvent arrivé d’avoir eu envie d’arrêter ce que j’avais entamé. Heureusement que ma coach m’a incitée à continuer, m’a souvent remonté le moral et m’a interdit d’arrêter ce que j’avais entrepris. Toute seule, j’aurai abandonné.
Où vous voyez vous dans 10 ans?
Je me vois avec beaucoup plus de responsabilités. Pourquoi pas participer à la gestion d’une entreprise, je l’espère. Maintenant j’ai repris confiance en moi grâce à mon diplôme. La VAE est une très bonne expérience pour les personnes non diplômées et qui le regrettent !
Comment avez vous entendu parlez de la VAE ?
J’en ai entendu parler lorsque j’ai effectué mon bilan de compétences et je me suis lancée dans l’aventure.
Retour sur les 10 ans de la VAE
Une vie semée de rapports et d’études
La France et la culture du diplôme, la culture du formulaire, elle a également l’obsession du rapport qui marquent une réelle volonté d’amélioration du processus et son intégration dans le système éducatif.
La VAE a fait l’objet de multiples rapports: Benhamou en 2005, Bresson en 2008, Merle en 2009, rapports régionaux, rapports de la DGEFP, rapports d’observateurs européens etc.
Mais que disent ces rapports?
Le rapport Benhamou 2005
Rédigé par le professeur Albert-Claude Benhamou à la demande de François Fillon, il est constitué de 5 dossiers présentant états des lieux, contribution d’experts, table ronde avec les partenaires sociaux, analyse de la VAE dans les professions de santé et diaporama des auditions des experts. Ce rapport se félicite de l’importance de la VAE dans la société et de son caractère innovant et républicain. Mais très vite la contestation fait son entrée: déficit de l’information, inflation des modifications, manque d’harmonisation des outils d’évaluation des compétences et de coordination des moyens utilisés dans la mise en oeuvre de la VAE, difficulté à maintenir le cap qualité, non-intégration de la VAE par les entreprises, candidat livré à lui-même etc. Et pour finir, l’impact de la VAE dans la lutte contre le chômage par la (re)qualification est insuffisant.
S’ensuivent une série de différents comptes rendus sur l’état des lieux de la VAE dans l’enseignement, sur la rupture culturelle provoquée par la VAE, dans le domaine industriel et teritaire que présente la VAE comme un outil de gestion des compétences, sur la VAE au sein des professions du secteur sanitaire et social.
Le rapport Bresson 2008
Si le rapport pouvait se résumer en une phrase, ce serait celle-ci: « La VAE, c’est bien, mais ça ne marche pas ». Ce rapport donne à penser que la VAE est vouée à l’échec et donne envie de prouver le contraire.
Ecrit toujours sous la demande de François Fillon, ce rapport montre que la politique gouvernementale en matière de VAE n’a pas atteint les objectifs qu’elle s’était fixée: 75 000 certifications par an sur 200 000 candidats. De plus, les candidats sont insuffisamment nombreux, trop d’abandons, opacité du parcours, notoriété insuffisante, intervention de multiples acteurs entre les régions, les certificateurs et le service public, difficultés à fédérer ces différents acteurs, longueur et lenteur du dispositif, déficit d’informations, difficultés à constituer le jury etc. Tous ces éléments conclus le rapport et sont fortement dissuasifs et conduisent le candidat à abandonner.
Le rapport Merle 2009
Vincent Merle, professeur au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers) met en avant le positif qu’apporte la VAE en la présentant comme un outil apportant à l’individu la possibilité d’un épanouissement individuel donc de progression professionnel. Il précise la valeur de la VAE: un élément de processus de la formation tout au long de la vie (FTVL) qui permet de renforcer le rôle d’acteur de l’individu dans le monde du travail et de lui faire acquérir une plus grande autonomie et employabilité: connaissance et « re »-connaissance de ce que l’on sait, apprendre à savoir ce que l’on sait, ou encore prendre conscience que l’on sait… sont des conditions essentielles qui contribuent à l’enrichissement de l’individu, donc de la société.
« Nous avons le sentiment que la VAE est en train de prendre (…). Elle bouscule beaucoup d’habitudes mais elle est sortie du cercle militant. L’ensemble des acteurs reconnait désormais cette voie comme importante dans la sécurisation des parcours. Tout cela est admis », explique Vincent Merle, entre réalisme et optimisme.
Le médiateur de l’Education nationale de 2008 et 2010
Dans le premier rapport sont énumérés les points d’achoppement du fonctionnement de la VAE, la plupart soulevés dans le rapport Bresson. le médiateur s’interesse sur le champ d’application de la VAE et note l’incompréhension des candidats devant des refus de validation non suffisamment explicités par les jurys.
Dans le second, il suggère de facturer le coût d’organisation des jury aux organismes de financement de la VAe et de réaliser une étude dans les académies ou les résultats de la VAE sont inférieurs à la moyenne nationale.
Pourquoi entreprend-on une VAE ?
Les raisons d’entreprendre une VAE ne sont pas perçues de la même façon par les gens qui l’orchestrent et par ceux qui y ont recours.
Ceux qui l’orchestrent avancent le désir de monter en compétence de se reconvertir, d’obtenir une promotion ou une meilleure rémunération. Il est indéniable que ces raisons existent, mais elles ne concernent qu’une minorité de candidats, moins de 10% selon le constat que nous avons pu faire au sein de notre société.
Lorsque nous interrogeons ceux qui y ont recours, nous réalisons que plus de 90% d’entre eux n’ont pas d’objectif professionnel précis, et font une VAE principalement pour redorer leur propre estime de soi (pour réparer un échec ancien, arrêté d’être montré du doigt parce qu’on n’a pas de diplôme ou montrer à ses enfants que « les études c’est important ».), quelques fois pour se mettre à l’abri d’un éventuel coup dur professionnel (se prémunir contre une éventuelle mutation ou un plan de restructuration social) ou par désir de revanche sur un parcours d’études non couronné.
L’obtention du diplôme pour le diplôme, avec la reconnaissance symbolique et le sentiment de satisfaction et d’épanouissement personnel qui l’accompagne, semble être la raison principale de la validation d’acquis d’expérience, faisant de celle-ci une « fin en soi ».
Cette démarche, qui concerne près de 90% de candidats, avec l’obtention du diplôme agira positivement dans le parcours et l’évolution professionnelles mais pousse néanmoins à ouvrir une double reflexion:
- De quelle façon s’inscrit la valeur du diplôme et son lien avec le monde professionnel dans le parcours individuel ? Fait-il partie d’un processus d’évolution des compétences individuelles en lien constant avec l’expérience ou se pose-t-il comme une acquisition définitive d’un savoir autorisant l’exercice d’une activité professionnelle? Il parait plus que jamais nécessaire de réfléchir et de reconsidérer le diplôme pour tenter de le « démystifier »;
- Comment est présentée le fonctionnement de la VAE, le rôle et l’importance qu’on lui donne, sa place dans le système éducatif et universitaire, dans les parcours individuels et son implication dans le monde professionnel.
Vers une génération VAE ?
La liberté et le lien. La VAE a précisément à voir avec ces deux mots-là.
Notre système éducatif étant devenu obsolète, il n’a pas intégré cette évolution des mentalités issue des nouvelles technologies et donc la génération Z est porteuse. Il continue à mettre les jeunes à des pratiques d’évaluation en faisant passer ceux qui n’ont pas le niveau pour des perdants. Il ne privilégie qu’une seule voie: celle du diplôme par la formation, soit la concurrence, la nécessité d’être le meilleur, de bûcher dans l’espoir d’obtenir le poste le plus intéressant et le mieux rémunéré.
Dans la réalité, la génération Z nous dit que les choses ne se déroulent plus ainsi, qu’il existe d’autres moyens d’acquisition du savoir, de partage des connaissances et d’accès au savoir-faire.
Le grave problème du système éducatif français est qu’une fois qu’on en est éjecté, il est extrêmement difficile d’y revenir. La VAE est un des outils incontournables qui le permet. Il est primordial dès maintenant de réfléchir aux moyens d’engager cette démarche dès l’école, de tracer cette ligne d’horizon: opérer des sorties vers l’emploi sans dire « pour toi, c’est fini » mais en donnant la possibilité de revenir plus tard à la formation, parce que l’expérience accumulée éclairera l’envie de celui qui aura pu, grâce à son expérience, préciser ses choix d’orientation professionnelle.
Les étudiants de la génération Z choisissent souvent l’alternance ou s’engagent dans des activités bénévoles ou professionnelles pour accumuler de l’expérience, parce qu’ils savent que les études ne suffisent pas forcément à elles-mêmes.
L’enjeu est de mettre en cause un système où tout se joue dans la réussite scolaire et où ne sont offertes par la suite que des voies de « rattrapage » bien étroites. Cela est possible si l’on modifie les modes d’éducation, d’orientation et de promotion pour transformer le parcours d’évaluation verticale du système éducatif: scolarité, université, diplôme, vie active en un parcours évolutif plus souple qui permette d’avoir une liberté de mobilité entre les savoirs formellement construits et les savoirs construits dans la pratique, entre le minde de l’expérience et le monde de la connaissance: scolarité, expérience, certification, vie personnelle, vie active, alternance, diplôme, université, etc. définissant le paradigme d’un nouveau parcours.
Pour rendre cette liberté de mobilité possible, il est indispensable de créer des liens. Aujourd’hui, dans nos sociétés, la liberté ne peut exister sans lien. Liens pour favoriser le développement personnel et professionnel, liens entre le monde du travail, les entreprises, les tissus associatifs, les financeurs et les organismes publics ou privés chargés de l’éducation de la formation et de la recherche. Liens entre le savoir et l’expérience, entre la connaissance et la compétence. Liens entre la valeur du diplôme et la valeur de l’expérience.
La VAE est est un de ces liens indispensables susceptibles d’amener chacun à accéder à une meilleure autonomie à travers une plus grande intelligence de ce qui l’environne et de ce sur quoi il agit.
Après 10 années d’existence, il est crucial de clarifier le fonctionnement de la VAE en lui donnant un cadre cohérent pour éviter qu’elle ne subisse des dérives qui pourraient lui être fatal et permettre qu’elle trouve sa place comme voie de connaissance, de reconnaissance, de réalisation et de construction de soi.
Dans l’alphabet inventé par la nouvelle génération silencieuse, après le Z, il y a VAE.
Constats: les freins au bon fonctionnement de la VAE
Au regard de l’experience qui est la nôtre après de plus de 2 500 VAE, nous avons dressé ce qui nous semble être les problèmes de fond freinant le bon fonctionnement de la VAE.
L’immobilisation et le cloisonnement
Immobilisme et cloisonnement , des deux mots s’appliquent à la VAE et contribuent forcément à freiner son développement et sa généralisation. L’importance de la reconnaissance de l’expérience comme outil indispensable du développement des parcours professionnels et personnels est-elle bien mesurée en France?
Nous préférons penser qu’un terrain de dialogue existe entre les différents acteurs de la VAE pour la décloisonner, pour qu’elle ne soit plus un dispositif à part, mais un dispositif parmi tant d’autres, pour qu’elle soit reconnue unanimement comme une autre voie possible d’accès au diplôme et à la sécurisation des parcours et qu’elle appartienne, de plein droit à un ensemble: celui du système éducatif.
L’absence d’outils de mesure
Comment améliorer la VAE plus efficacement si on ne dispose pas de moyens aléatoires pour mesurer sa portée et son efficacité?
Catherine Claude-Morel suggère que soit créer un extranet « full web » mutualisé faisant office d’indicateur statistique, mis en place sur la base d’une configuration et d’indicateurs faisant l’objet d’un tronc commun fixé par les différentes structures chargées du processus. Il permettrait d’avoir accès à l’ensemble des données et des statistiques et un suivi précis par régions des parcours VAE. il serait alors en mesure de fournir des données précises pour estimer l’efficacité de la VAE.
De même, si le formulaire Cerfa possédait une interface plus attractive et si on en imposait la pratique, il deviendrait un indicateur très précieux. Il aurait le mérite de réunir l’ensemble des données de tous les acteurs de la VAE, qu’ils soient publics ou privés.
La concurrence du bilan de compétences
Le bilan de compétence consiste à faire le point sur sa carrière, à lister ce que l’on a fait, les compétences et aptitudes que l’on possède, les tâches ou responsabilité que l’on aime ou pas assumer etc. afin de s’interroger sur son projet professionnel.
La VAE consiste à faire le point sur ce que l’on sait faire, permet de définir l’ensemble du savoir acquis et de valider ces acquis par l’obtention d’une certification. Le bilan de compétence réalisé en amont d’une VAE pourrait aider cette dernière à mieux se faire…mais il peut parfois être un obstacle à franchir pour mieux comprendre les enjeux du parcours de la VAE. Mais il est important de noter que ces deux dispositifs se complètent et ne sont donc pas concurrents: l’un au service de la construction d’un projet de vie, l’autre pour l’obtention d’un diplôme.
Mais la question est: en terme d’évolution professionnelle de quoi ai-je besoin? D’un bilan de compétence ou d’une VAE? La VAE n’est presque jamais proposée au sein de l’entreprise lorsqu’est mis en place un plan de sauvegarde de l’emploi. Il est est de même dans les organismes publics tels que Pôle Emploi, il est systématiquement proposé non pas une VAE mais un bilan de compétences. Pourquoi? Parce que son dispositif n’est pas complètement maîtrisé par les agents chargés de l’information, parce que beaucoup de conseillers l’ignorent, par intérêt financier…
Cette déconsidération de la VAE pousse les organismes à n’établir aucun lien entre les deux. Il serait bien de parler de complémentarité entre bilan de compétences et VAE: le premier intervient à un moment de la carrière où la personne interroge son avenir, la deuxième pour reconnaitre ses compétences acquises pour mieux les valoriser.
Les erreurs internes
En réalité, très peu d’erreurs conceptuelles ont été commises dans l’élaboration interne de la VAE. Ces erreurs, très peu soient elles, nous semblent possiblement rédhibitoires. leur incidence pourrait porter atteinte en premier lieu au candidat qui pourrait y voir une forte motivation…pour se décourager!
La complexité du dispositif
6 candidats sur 10 estiment « difficile » de faire une VAE. Délai d’attente, déficit d’information, problème de formation des jurys, opacité des démarches, maquis des certifications représentent des raisons de complexité du dispositif.
Avoir ou non son diplôme
Le jury peut avoir le vieux réflexe du DRH: disparité entre deux personnes n’ayant pas le même niveau mais concourant pour le même diplôme par le biais de la VAE. Il se forge une première impression de la valeur d’un individu sur son nombre de diplôme avant de s’intéresser à la personne et à son expérience. Ce jugement est préjudiciable: en quoi le point de départ pourrait-il être un critère de jugement quand ce qu’il faut apprécier est un parcours d’expérience?
Les 3 ans d’expérience
En imposant 3 ans d’experience pour bénéficier d’une VAE, la loi 2002 a élargi le dispositif à un plus large public (la VAP posait une condition de 5 ans). En même temps, elle l’a rendu plus difficile en compromettant indirectement, l’acces des diplômes du supérieur qui demandent 7 ou 8 années d’études.Pour les professeurs d’universités: comment pourrait-on délivrer un diplôme bac+ 5,6 ou 7 à quelqu’un qui a seulement 3 ans d’expérience professionnelle? Il faut bien l’admettre, trois ans d’expérience pour avoir un CAP ou un bac professionnel est acceptable mais mais cela ne l’est plus lorsqu’il s’agit d’un bac +8. Cela vient aussitôt renforcer le préjugé décrit précédemment…
Le choix d’être passé à trois années d’expérience au lieu de cinq était de rendre plus accessible la VAE à un maximum de personnes par rapport à la VAP et de lui donner ainsi un maximum de chances de se généraliser. Mais ce choix a impacté négativement le processus puisque, quand le niveau d’expérience est insuffisant, le verdict tombe: le certificateur oppose son véto. Il serait donc peut-être judicieux de faire figurer sur le référentiel de compétences du titre, sans mention d’obligation, un nombre d’années d’expérience conseillées par le certificateur…
L’absence de diagnostic
Aujourd’hui cette étape est trop négligée. Pourtant, les Centres et Points Information Conseil sont là pour venir en aide aux candidats au niveau de leur projet professionnel, du repérage de la bonne certification et du financement. Alors pourquoi une telle déperdition des candidats? Le temps consacré à cette étape est-il trop court? Mauvaise formation des conseillères? Absence de liens entre conseillers et certificateurs? En tout cas, cette étape et cruciale et determinante car c’est de là que dépendra la réussite de la VAE.
La VAE, un outil indispensable
La VAE est incontestablement un outil indispensable permettant de favoriser l’évolution individuelle, une bonne insertion professionnelle et personnelle au sein de la société.
A fortiori, elle est une mesure pour l’emploi et donc elle est une arme contre le chômage. Elle permet à ceux qui n’ont forcément ou ou voulu suivre une formation de progresser dans leur domaine d’activité et de mieux s’insérer dans le monde du travail.
La VAE a un impact positif considérable tant au niveau personnel que professionnel. Au niveau personnel, quand le candidat obtient sa certification, avec la satisfaction qu’il éprouve, cette estime de soi, il en sort grandi. Son assurance au niveau de ses compétences et de ses aptitudes est renforcée. La VAE constitue un véritable épanouissement personnel.
Certains définissent la VAE comme « une seconde chance », comme si elle était un moyen de se rattraper pour ceux qui avaient échouer dans leur système scolaire ou universitaire. Mais elle n’en est pas une! Le « Tout n’est pas joué à la fin des études » de Vincent Merle ne doit pas s’entendre ainsi. cette affirmation attribue à la VAE la notion d’égalité des chances dans les possibilités de se diplômer et en fait une deuxième normale d’accès à la certification. Ce qui signifie que se former sur le tas ou à l’école conduit à la même certification. « La VAE est un facteur d’équité et d’égale dignité entre les différentes manières d’apprendre » précise encore Vincent Merle.
Le diplôme obtenu par la VAE certifie que son titulaire possède à la fois les capacités et la qualification, le savoir et la pratique de ce savoir acquis par l’expérience. Mais il ne faut pas trop appuyer dans ce sens car cela dévaloriserait la formation initiale en sous-entendant qu’un diplôme acquis par la VAE a plus de valeur qu’un diplôme obtenu par formation initiale. Mais ceci est un faux débat car la VAE n’est pas un moyen de certification concurrent à la formation initiale: elle établit une équivalence entre le savoir acquis par la formation et celui acquis par l’expérience.
Une autre raison qui rend la VAE comme un outil indispensable est que la VAE accrédite la possibilité de rentrer par l’expérience dans des domaines ou des champs d’activités que la longueur ou la difficulté de la formation a priori interdit. La formation sur le tas permet de laisser entendre qu’il n’y a pas de métiers « réservés » à une élite. Celui qui a le désire de réussir peut le faire par l’expérience.
Mais ce ne sont pas les seuls arguments: signalement des compétences sur le marché du travail, identification pour les entreprises des compétences des candidats à un emploi, augmentation de l’employabilité, amélioration et sécurisation des parcours professionnels, promotion sociale, conserver son emploi en cas de restructuration, évoluer en obtenant un salaire revalorisé et de nouvelles responsabilités, faire reconnaître son expérience à sa juste valeur etc. La VAE répond à de nombreuses autres situations professionnelles.
Les candidats qui s’y présentent le savent. Le jeu en vaut la chandelle.
La CNCP et le RNCP
La CNCP et le RNCP, qu’est-ce que c’est ?
La CNCP, la Comission nationale de la certification professionnelle a été créée par la loi sociale du 17 Janvier 2002. Elle est composée de représentants ministériels, de représentants des régions, de partenaires sociaux, de représentants des chambres consulaires et personnes qualifiées.
Sa mission est de répertorier l’offre de certifications professionnelles au sein de répertoire, le RNCP, et de veiller à la cohérence, à la complémentarité et au renouvellement des diplômes et des titres, ainsi que’à leur adaptation à l’évolution des qualifications et de l’organisation du travail pour éventuellement émettre des recommendations à l’attention des institutions délivrant des certifications à finalité professionnelle.
Elle a en outre pour tâche d’informer les personnes et les entreprises sur les certifications inscrites au RNCP et sur les certifications reconnues dans les états membres de la Communauté européenne, de signaler les éventuelles correspondances entre certifications, de recenser dans un inventaire spécifique les certifications et habilitations correspondant à des compétences transversales exercées en situation professionnelle et d’élaborer une nouvelle nomenclature des niveaux de certification en rapport avec les emplois occupés.
Le RNCP est le corollaire direct de la CNCP. Il dresse la liste des différents titres, diplômes et certifications d’Etat ou homologués par l’Etat et donc accessibles par la VAE et fournit leurs descriptifs ainsi que les bases d’informations qui serviront à situer la demande de VAE et à savoir si elle est fondée. De plus, elle a un rôle prépondérant dans le bon déroulement de la VAE : de l’accès à une certification de la VAE à son financement.
Sa création avait pour but de rendre plus accessible les certifications. Elle a également voulu poser le principe qu’il ne peut y avoir qu’un seul référentiel de certification et que les modalités d’évaluation sont identiques pour tous.
L’accompagnement VAE
Les accompagnateurs, qui sont-ils?
- Les opérateurs agéés par des certificateurs: les Greta (groupements des établissements publics) et les Dava (Dispositif académique de la validation des acquis) qui intruisent les dossiers pour le ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement scolaire (ceux de l’enseignement supérieur sont gérés par les universités qui disposent d’une grande autonomie par rapport à la VAE); les Afta (associations pour la formation professionnelle des adultes) qui s’occupe des titres du ministère du Travail et de l’Emploi; les agences régionales de santé en charge des dossiers du ministère de la santé etc.;
- Les certificateurs eux-mêmes;
- Les sociétés d’accompagnement privées;
- D’une manière générale, n’importe qui…puisque chacun peut s’improviser accompagnateur VAE.
Les fonctions de l’accompagnement
Il n’est pas obligatoire. Le candidat peut se lancer seul dans l’aventure de la VAE. Néanmoins, est vivement recommandée car il favorise la réussite de la démarche de VAE » (allez sur le site www.vae.gouv.fr pour plus d’information).
Qu’est-ce qu’un accompagnement?
Lors de l’élaboration de la loi de modernisation de la VAE de 2002, le législateur n’a donné aucune définition particulière de l’accompagnement qui lui semblait naturellement inclus dans le processus de validation du certificateur.
En se développant, la VAE a fait émerger un nouveau marché: l’accompagnement. Celui-ci a évolué de façon anarchique avec pour seuls cadres certains certificateurs ou sociétés privées d’accompagnement, en vain. c’est en 2004 avec la création du congé VAE qu’a été fixé la durée de l’accompagnement à 24 heure, en l’alignant arbitrairement sur celle du bilan de compétences.
« La démarche de la VAE est une démarche complexe et nécessite un travail personnel important. Un accompagnement du candidat apparaît généralement indispensable pour franchir les trois étapes majeures:
- la selection du diplôme correspondant aux compétences acquises et aux projets professionnels du candidat;
- la constitution et la rédaction du dossier VAE permettant au candidat de faire la preuve de ses compétences;
- la préparation de l’entretien avec le jury« . (selon le médiateur de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur dans son rapport de 2008)
Cependant, l’apparition d’un accompagnement de 24h apporte de nombreuses aberrations:
- une indifférence totale au regard des constats unanimes de l’ensemble des acteurs sur la nécessité d’un accompagnement plus large;
- des organismes financeurs usant de moyens détournés pour financer auprès de prestataires les phases réputées non imputables;
- des accompagnateurs proposant des offres sur la totalité du parcours en acceptant de ne se voir financer que la partie post-recevabilité, créant ainsi une cohérence de l’offre sur le marché.
Face à cet état des choses pour le moins déroutant, c’est créé par la suite un certain nombre de chartes. L’officielle, la Charte des services de l’Etat pour l’accompagnement des candidats à une certification professionnelle par la voie de la VAE, établie par les ministères certificateurs et publiée sur www.vae.gouv.fr liste une série d’engagements basiques et minimums: fournir une information claire sur les procédures, proposer des délais d’attente et des durées acceptables ou être à l’écoute du candidat… ce qui est bien la moindre des choses. S’en est suivi un certain nombre de chartes.
Aujourd’hui, la DGEFP réfléchit à un projet de centralisation et d’harmonisation de l’accompagnement à travers une analyse et la mise en commun des pratiques locales.
D’autres part, un projet européen est en cours de dont l’objectif est la création d’un label qualité sur l’accompagnement VAE.
Nous espérons que l’accompagnement VAE trouve enfin sa définition et son cadre.
Principales préconisations du rapport Merle
Désormais, il est temps de vous donner les préconisations principales de Vicent Merle, dans son rapport de l’année 2009.
- Renforcer la coordination territoriale sous l’impulsion des conseils régionaux.
- Renforcer la place de la VAE dans les politiques des branches professionnelles.
- Mobiliser Pôles Emploi dans le développement de la VAE.
- Conduire les jeunes sortis de formation initiale sans qualification jusqu’à un premier niveau de certification professionnelle.
- Mettre en place des plateformes spécialisées pour certains publics.
- Développer la reconnaissance des compétences dans les entreprises.
- Inventorier les certifications attestant de compétences particulières et n’entrant pas dans le RNCP. mise en place de passerelles. Augmenter leur pertinence par rapport à la réalité du marché du travail.
- Introduire la traçabilité des compétences tout au long de la vie.
- Développer la VAE dans l’enseignement supérieur.
- Inscrire les processus VAE dans une démarche qualité.
- Renforcer le rôle de régulation de la CNCP.
- Engager les partenaires sociaux à mieux positionner les CQP dans le champ des certifications professionelles.
- Créer des attestations de compétences en situation de travail pour les personnes ne pouvant accéder à une certification inscrite au RNCP.